lundi 1 octobre 2007

Les chemins du plaisir 137

On s'étonne qu'il existe du plaisir dans toutes les activités et dans toutes les manières de pratiquer ces activités. Qu'il y ait du plaisir dans la destruction, la soumission, la violence, c'est normal, puisque la destruction signale la représentation troquée de l'Hyperréel, le sensible privé de son addition ontologique, abusivement généralisé... Le plaisir se manifeste dès qu'on touche au réel en profondeur. La destruction est une manifestation fort profonde du réel. Il reste à en cerner les véritables contours, au lieu de la présenter comme la panacée parfaite qui donne son sens au réel en inversant les coordonnées morales usuelles. La destruction possède son attrait du fait qu'elle propose une alternative fallacieuse à l'imperfection du réel. Qu'il n'existe aucune situation de perfection dans le réel implique plusieurs commentaires, dont j'abrège la lucidité par deux notes :
1) l'attrait de la destruction tient à son caractère d'utopie et de perfection.
2) toute situation d'agencement ordonné étant imparfaite, elle présente des avantages et des inconvénients. Cette constatation n'implique pas que tous les agencements se valent, le meilleur comme le pire. Après tout, la démocratie est définie comme le moins pire des systèmes. La meilleure des situations possède par définition ses inconvénients - la pire, ses avantages. Raison pour laquelle il est certain que le nihilisme comme système dont augure la représentation esthétique pornographique possède ses avantages indubitables et ses critiques pertinentes. Faut-il pour autant cautionner cette dérive ultratotalitaire au nom du fait que la liberté ne trouverait pas son compte dans la démocratie finie, mais dans la libération absolue et antidémocratique? Le pire système, fondé sur la destruction pure, nie la différence et aboutit à l'anéantissement; c'est le même agencement qui pourtant garantit de la seule définition ontologique possible (et fausse). La meilleure est la moins satisfaisante : elle consiste à reconnaître la destruction et à l'intégrer dans l'ordonnation créatrice. Par conséquent, l'agencement qui garantit la pérennité est nécessairement a-normatif pour être en perpétuelle permanence. Le propre du regard lucide revient, pour assurer la pérennité et éloigner le spectre de l'anéantissement, à lier le mythe de la perfection à l'utopie de la (dé)limitation.

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