samedi 13 octobre 2007

Pré carré

La poursuite de l'intensité et de la puissance telle qu'elle se signale chez l'homme prétendant au Surhomme explique sa revendication et son apologie par les thuriféraires et les esclaves du système de l'Hyperréel. La définition de la puissance ramène invinciblement au pré carré de l'intensité. Qu'est-ce qu'évoque le pré carré sinon la clôture, et même l'évidence de la limitation comme habitude et coutume trop éprouvée? L'intensité s'éprouve dans la délimitation, dans la clôture de l'espace fini. La jouissance de l'actrice porno, qu'elle revendique comme une preuve de sa supériorité ontologique, vient de la domination que, même dominée, elle exerce sur le réel. Les partisans du système dominant réussissant ce tour de force qui consiste à définir le réel, l'intensité qu'il tire de cette faculté de définition, dans l'immédiat et l'apparent clinquant, en tant que ce qui se limite à l'ordre et se définit selon l'ordre dans la mesure où l'ordre équivaudrait à l'absence de limites. L'ordre, c'est la dérégulation, slogan trop connu des ultralibéraux. La meilleure définition est encore l'absence de définition. Derrière cette résolution perverse, perverse en ce que la résolution résout d'autant plus qu'elle ne résout rien du tout, l'Actrice porno en tant qu'archétype ontologique (Ovidie, Katsuni et Compagnie) ressent les bénéfices de cette limitation sans se rendre compte qu'elle contracte le pacte faustien par excellence et qu'elle vend son existence pour prix d'un peu de représentation et de certitude. Le plaisir de l'intensité? Le plaisir de la certitude. Le plaisir des sens n'est jamais que le plaisir de la définition. D'ailleurs, la plus pertinente définition de la puissance que je connaisse tient justement à l'exercice de la définition. La puissance réside dans l'art de la définition. Délimitez - et vous jouirez. La plus grande intensité s'obtient quand l'affirmation de la libération comme absence de limites coïncide avec la limitation du réel à l'ordre pur. Les entraves de la limitation se ressentent quand le réel est présenté comme purement constitué d'ordre. Homogène, le réel n'a pas besoin d'être délimité. Le plaisir signale seulement cette reconnaissance de l'ordre et de l'ordonnation. C'est dire que l'intensité du plaisir dissimule en son sein un piège redoutable : le fait de croire que l'abolition des différences conduit au Souverain Bien en ce que celui-ci peut être défini et procède de l'ordre. Sans la différence, le Même est mortifère en ce qu'il exprime la dépréciation, puis l'anéantissement. Le danger du plaisir, c'est qu'il signale indifféremment toute distinction du Même. Or le Même destructeur ressemble à s'y méprendre à l'autre Même, son alter ego, celui qui contient la différence, c'est-à-dire celui qui ne sait que trop la vérité : le Même est dans l'autre. C'est ce qu'il faudra expliquer à la Compagnie des Ovidie&Katsuni, qui sont les victimes de la tromperie ontologique (et universelle) par excellence. En confondant au nom du plaisir le Même destructeur et le Même de l'autre, elles ne se rendent pas compte qu'une certaine jouissance mène à la ruine. Précisons quand même : une jouissance mensongère, en ce que se effets sont largement exagérés, n'en déplaise aux longues descriptions que Sade produit comme une méthode Coué inefficace et purement volontariste. Ce n'est pas en invoquant la définition de ses voeux que la définition survient. Au début était le Verbe...

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