Enthoven cite Ogien : "Prenez le cas du consentement en matière sexuelle. Les plus conservateurs ont toujours rejeté l'idée que le seul critère du permis et de l'interdit en matière sexuelle, c'était le consentement des partenaires. Et pour cause, ça c'est moi qui l'ajoute, s'ils l'admettaient, ils ne pourraient plus crier au scandale devant la prostitution, l'homosexualité, les pratiques sado-masochistes ou les mères porteuses, comme ils le font habituellement."
R. Ogien, La liberté d'offenser.
Après un long galimatias, Ruwen Ogien, qui prétendait passer la pornographie au crible de ses critères objectifs et minimalistes, laisse la parole à Enthoven. Enthoven, dont on ne sait s'il joue un jeu ou appartient vraiment au nihilisme contemporain, lâche innocemment en tout cas l'éditeur de l'opus d'Ogien. Stupeur et ébranlement, celui-ci se trouve être les trop connues éditions de la Musardine, éditions érotiques et parisiennes qui éditent déjà Ovidie et... Bentley. Evidemment. On mesure l'impartialité et l'objectivité d'invités comme Ogien à l'aune de telles critères. Le moins qu'on puisse relever, c'est qu'Enthoven n'a pas eu besoin de trop chercher avant de confectionner sa carte des partisans du réglementarisme sexuelle et pornographique : il a ouvert Philosophie magazine, au comité de rédaction duquel il participe, et a consulté la liste proposée en parallèle par la Musardine. Peut-être les deux en même temps? Je ne sais au juste et préfère au fond ne pas approfondir. Certains rapprochements valent mieux que de longs et oiseux commentaires.
1) On remarquera que le consentement permet à Ogien de réhabiliter pêle-mêle la "prostitution, l'homosexualité, les pratiques sado-masochistes ou les mères porteuses". Quel fourre-tout admirable! Quelle cohérence pour un analyste de l'objectivité minimaliste! Si je comprends tout, dénoncer la peu de pertinence du consentement en matière de prostitution, c'est aussi être contre l'homosexualité, dont on sait qu'elle relève d'un choix de l'individu certain et incontestable. Consentir à la prostitution, à l'homosexualité, au SM, aux mères porteuses, le moins qu'on puisse dire est que le consentement ici invoqué ne renvoie pas du tout au même consentement! C'est une escroquerie intellectuelle à laquelle se livre Ogien!
2) Si l'on analyse en bref la définition implicite qu'Ogien livre du consentement en matière d'homosexualité, elle implique que l'individu choisisse sa sexualité, ce qui relève de l'aberration profonde. Ogien se contenterait-il une fois de plis d'évacuer le problème de fond du consentement pour mieux parler du consentement entre partenaires homosexuels? Dans ce cas, sa méthodologie est d'une pauvreté affligeante... C'est ça, Ruwen, l'objectivité? Pas seulement : le fort déterminisme présent dès lors dans le consentement totalitaire (tel qu'Ogien l'édicte et selon les équivalences d'Ogien) réhabilite aussi le scandale intellectuel par excellence : si consentir, c'est aussi consentir au donné déterminé, les personnes qui se livrent à la prostitution consentent dans l'exacte mesure où elles sont de la caste des prostituées. On peut aussi consentir à être noir et esclave, mais est-il besoin de citer la présente aberration pour comprendre que l'argumentaire d'Ogien recèle des saveurs et des souvenirs nauséabonds?
3) Avec une puérilité polémique affligeante, Ogien tombe le masque. Son objectivité est d'une telle partialité pour qui n'en aurait pas pris acte qu'il n'hésite pas à procéder à des amalgames ridicules : qui sont ces conservateurs qu'ils stigmatisent d'autant plus que sa bouche bredouillante les loue par contrepoint et contre exemple? Ogien se rend-il compte qu'il pense tellement faux qu'il finit toujours par indiquer le vrai - sous le faux? Que le conservatisme dont il prétend se libérer le mène droit au totalitarisme ultralibéral? En tout cas, mettre dans le même chapeau ceux qui nient le consentement des personnes prostituées et ceux qui nient le consentement des homosexuels, chapeau! Remettre en question le consentement des personnes prostituées, c'est énoncer une évidence ontologique sans laquelle l'activité élémentaire serait anéantie. Je n'envisage même pas la psychologie, puisqu'Ogien la réfute au nom de l'objectivité (le simplisme des attaques puériles d'Ogien est effrayant : l'analyse psychologique relève, au choix : du psychologisme méprisé; du conservatisme à tendance fanatique et religieuse; du paternalisme bourré de préjugés grotesques). Ogien se meut dans un monde d'équivalences aussi logiques qu'infiniment simplettes. Abolitionniste=homophobe. Sans doute aussi=prohibitionniste, obscurantisme, j'en passe et des salades. Ainsi va l'objectivité : rappeler que la violence rend caduc le consentement des personnes prostituées implique rationnellement que l'on soit contre l'homosexualité... Décidément, les éditions de la Musardine doivent sans doute chercher un nouveau Sade pour autoriser de telles dérélictions, qui, fort heureusement, favorisent les opinions stipendiées comme les voix de la justesse et de la réalité conjuguées!
Le Comte est long.
lundi 24 septembre 2007
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