vendredi 28 septembre 2007

Les chemins du plaisir 117

Les apôtres de l'Hyperréel ne cesse de railler l'absence de normes pour en conclure à l'inexistence de la norme en tant que telle et appeler à la libération absolue. Ce faisant, ils ne se rendent pas compte qu'ils établissent la forme pure du moralisme, qui tient à la limite pure en tant qu'absence pure de limites. Dans le même registre de paradoxes susceptibles d'éclairer sur la duperie constitutive de l'Hyperréel : tandis que l'impossibilité d'établir la norme est le propre du réel, le propre de l'Hyperréel est de normer. Raison pour laquelle l'Hyperréel adresse le reproche justifié au réel de se trouver dans l'incapacité d'édicter le moindre principe de limitation. Et pour cause : le seul principe à la limitation, seul l'Hyperréel peut le produire. Résumons l'argumentation tortueuse de l'Hyperréel : il condamne l'absence de normativité dans la mesure où :
1) il est le seul à en disposer;
2) l'absence de normativité est la normativité par excellence, la forme parfaite et pure de normativité...
Si l'absence de normativité, la libération absolue, sont la seule forme envisageable de normativité, il s'en suit que la seule norme qui puisse tenir le critère de la perfection ontologique est la destruction pure. La seule normativité conséquente passe par la violence. Pour que la perfection advienne, rien de telle que la destruction. Dans le rien, la limite la plus sûre. Il reste à préciser que ce type de destruction, si elle évoque la violence présente au coeur de l'ordonnation, en diffère notablement en ce qu'elle est forme pure de violence, et non violence comme énergie créatrice perçue par l'homme dans un reflet anthropomorphique. La vraie violence ressortit en fait de l'énergie. La violence pure n'est norme intangible que dans la mesure où elle émane de l'utopie et de l'Hyperréel...

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