dimanche 16 septembre 2007

Les chemins du plaisir 58

Comment l'homme a-t-il pu, dans sa démesure, estimer qu'il dominerait la violence en la niant purement et simplement? Quant à l'expression du déni, son édification ressortit de l'expérience typiquement nihiliste : l'homme annihilera la violence (fonction du censeur, les masques tombent) en n'agençant plus la violence et en décrétant que la violence n'existe pas. Le plus sûr moyen de nier un problème consiste encore à affirmer qu'il n'existe pas, puis, s'il se fait trop pressant, à prétendre qu'il est ailleurs. L'homme n'est parvenue à dominer la violence qu'en concluant à son inexistence, à son caractère illusoire. C'est le nihilisme de l'homme, son pessimisme optimiste, qui le conduit à penser que l'illusion n'existe pas. La pornographie procède directement de cette négation de la violence, et spécifiquement, de la négation de la violence au sein du désir. Un peu comme le retour avec usure du refoulé, la pornographie exprime la violence pure, la destruction pure, qui commence à exprimer sa libération par la violence sexuelle soft, puis qui peu à peu s'enhardit, s'aperçoit que le nihilisme contemporain est traversé par la violence pure, et qui finit, avec ses partisans, acteurs et intellectuels, à revendiquer la liberté de lier le plaisir avec la souffrance de manière fondamentale et originelle.

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