dimanche 16 septembre 2007
Les chemins du plaisir 54
Pourquoi la souffrance peut-elle être source de plaisir? Mais pourquoi la souffrance en tant que source de plaisir doit-elle être absolument évitée? La souffrance, c'est la destruction comme expression proche de la création. En quoi la création est-elle supérieure à la destruction? Cette question rejoint les première et deuxième questions. La destruction est périlleuse quand elle exprime le pur morcèlement, quand elle est pure destruction, quand elle se coupe du reste du réel. La destruction est proche parente de la création. Sauf, la différence est de taille, que la destruction est comprise dans la création. La création englobe la destruction et l'outrepasse par adjonction du néant. On comprend pourquoi tant d'esprits se perdent dans la viabilité de la destruction pure : effectivement, elle est en connexion avec la création et le plaisir. Mais elle est un forme dévoyée de destruction et de plaisir en ce que le vrai plaisir renvoie à la création. La destruction ne retient qu'un aspect du problème. Elle est moins riche et profonde que la création. Le problème n'est pas seulement cette déficience, ce manque de profondeur. La carence de fond, c'est que le plaisir lié à la destruction pure mène à l'anéantissement, soit la disparition de l'homme. Peut-être le nihiliste espère-t-il confusément dans son désespoir créer un avatar d'apocalypse et obliger à apparaître sur Son trône lumineux le Seigneur des Seigneurs... Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais seul l'homme disparaîtra. Quant au réel, il poursuivrait sa route aussi bien sans l'homme qu'avec cette curieuse créature, aussi attachante qu'imprévisible. Heureusement, je ne pense pas que les nihilistes, les partisans de la solution terminale, celle de la destruction pure et du soi-disant plaisir destructeur, aient raison. Le réel a besoin de l'homme pour assurer sa permanence. Ah, au fait : la pornographie exprime bien entendu le plaisir comme souffrance, la destruction pure et la soif nihiliste d'anéantissement. Voilà pourquoi elle mérite d'être vraiment interrogée. Car la vraie question n'est pas : comment sortir de la pornographie?; ou : comment supprimer la pornographie?; mais : comment sortir du nihilisme? Quand l'homme sortira du nihilisme, il considérera les films de cul d'Ovidie, de Katsuni, de Siffredi comme des témoignages de ses aberrations, il n'y attachera aucune autre importance que celle de leur ridicule et de leur comique. Il se demandera même comment il a pu en la matière tomber si bas et accorder de l'importance à de telles chimères.
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