Comme un inévitable extrait de La Philosophie dans le boudoir est récité avec brio, j'en profite pour signaler que ce texte est littéraire dans la mesure où le désir s'y convoque comme un délire, dont les allures fantasmagoriques ressortissent assez nettement du comique. Au pied de la lettre, la philosophie du marquis de Sade serait plus monstrueuse que divine. J'en veux pour preuve deux autres extraits :
Dolmancé : - […] Ce n'est pas tout : la feinte est indispensable, Eugénie, aux projets que tu formes. Rapproche-toi plus que jamais de ta victime avant que de l'immoler; aie l'air de la plaindre ou de la consoler; cajole-la, partage ses peines, jure-lui que tu l'adores; fais plus encore, persuade-le-lui : la fausseté, dans de tels cas, ne saurait être portée trop loin. […] use de toute la fourberie, de toutes les impostures que pourra te suggérer ton esprit. […] La fausseté, d'ailleurs, est presque toujours un moyen assuré de réussir ; celui qui la possède acquiert nécessairement une sorte de priorité sur celui qui commerce ou qui correspond avec lui : en l'éblouissant par de faux dehors, il le persuade; de ce moment il réussit. […] Livrons-nous donc hardiment et sans cesse à la plus insigne fausseté; regardons-la comme la clé de toutes les grâces, de toutes les faveurs, de toutes les réputations, de toutes les richesses, et calmons à loisir le petit chagrin d'avoir fait des dupes par le piquant d'être fripon."
Dolmancé. - […] Il faut donc préférer la douleur, dont les effets ne peuvent tromper et dont les vibrations sont plus actives. Mais, objecte-t-on aux hommes entichés de cette manie, cette douleur afflige le prochain; est-il charitable de faire du mal aux autres pour se délecter soi-même? Les coquins vous répondent à cela qu'accoutumés, dans l'acte du plaisir, à se compter pour tout et les autres pour rien, ils sont persuadés qu'il est tout simple, d'après les impulsions de la nature, de préférer ce qu'ils sentent à ce qu'ils ne sentent point. Que nous font, osent-ils dire, les douleurs occasionnés sur le prochain? les ressentons-nous? Non; au contraire, nous venons de démontrer que de leur production résulte une sensation délicieuse pour nous. A quel titre ménagerions-nous donc un individu qui ne nous touche en rien? A quel titre lui éviterions-nous une douleur qui ne nous coûtera jamais une larme, quand il est certain que de cette douleur va naître un très grand plaisir pour nous?"
Effectivement!
jeudi 13 septembre 2007
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