dimanche 9 septembre 2007

Mafia et faillite

Le propre de la mafia n'est pas tant de prendre la place de l'État et de sa fonction officielle que de le détourner pour prospérer à l'abri de ses circuits patentés. Le but du pouvoir est de canaliser la violence en la répartissant sur l'ensemble de la société et en créant la violence symbolique comme réplique de la volonté générale. La violence comme énergie destructrice redevient énergie créatrice dans sa réélaboration collective et son pacte social en tant que compromis. La mafia agit comme un coucou ou un parasite qui disparaîtrait sans l'existence d'un pouvoir officiel et reconnu. La mafia est l'ombre du pouvoir. Pas n'importe quel pouvoir. Sous le totalitarisme, les mafias tendent à disparaître, soit à se confondre avec le pouvoir. Normal : le totalitarisme intègre en son sein la violence et l'ordre. Au lieu de quoi la démocratie répudie la violence arbitrairement sans la prendre en considération. Raison pour laquelle la mafia prospère en régime démocrate comme le prolongement inavouable du pouvoir officiel. La violence tue et inacceptable ressurgit dans le giron du pouvoir qui prétend l'éradiquer et la combattre le plus. La mafia est l'ombre de la démocratie. La violence qui s'y opère est aveugle et apocalyptique. On dirait un holocauste dans lequel la violence prohibée par le moralisme démocratique s'investirait sans honte. La démocratie utilise la mafia comme un système parallèle et occulte pour recycler la violence qu'elle ne parvient à canaliser et légiférer. Tant que la mafia demeure étrangère au système, ombre prolongeant le corps, l'équilibre est précaire, mais demeure. Le problème est que l'ombre risque de prendre la place du corps, la mafia de la démocratie, au nom de la structure même de la violence désordonnée. Le propre de la violence destructrice est de détruire et d'ignorer l'ordre dont elle est pourtant l'émanation. Le système de la mafia n'est pas viable en ce qu'il prétend détruire le corps dont il a besoin dans le même temps pour vivre.

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