Conclusion

A en croire Christian Godin, Flaubert définissait la bêtise comme l'envie pressante de conclure, la croyance qu'on pouvait conclure. Conclure, c'est apposer une fin, clore, limiter. On en revient à la croyance dans l'ordre comme totalité et clôture du réel. Croire que la conclusion clôt : la bêtise est aussi désir de triompher de l'ignorance. Avec ce corolaire : le triomphe va de soi, le sens est fait pour résoudre l'ignorance, l'ignorance se résout par le savoir comme accumulation de faits. Croire que le réel a une fin (et un début) traduirait la bêtise. L'idée que le réel soit délimité et délimitable explique le projet de Bouvard et Pécuchet d'un savoir intégral, de type positiviste. J'apprends d'ailleurs que ce type de projet est celui de Christian Godin, qui publie La Totalité, encyclopédie philosophique en 7 volumes. Comme le hasard possède toujours un sens, cette contradiction manifeste s'explique certainement par le fait que l'encyclopédie réponde à l'intelligence, mais que l'intelligence ne soit que le revers de la médaille. Si on prend soin de retourner la pièce, on aperçoit que le dieu qui l'a frappée a apposé sur l'autre face les traits de la bêtise!