dimanche 2 septembre 2007

Au secours, ils reviennent!

Frédéric Beigbeder est le héraut de la bêtise autant qu'il est le héros de l'époque qui le (sup)porte. Pourtant, Beigbeder est intelligent, diplômé, célèbre, riche... Ah oui, il n'est pas beau, seule restriction dans cette époque où l'homme branché aimerait tant que le fini soit le réel. Mais ça, les actrices s'en moquent éperdument. Il leur suffit de se dire que Beigbeder est un dandy. Quand j'associe le mot Beigbeder à dandy, j'entends dédain et dinde. C'est plus fort que moi. Grâce à l'inépuisable Dailymotion, je visionne une séquence de Temps X. En 1979, les frères Bogdanoff recevaient pour invité l'adulescent Frédéric Beigbeder, qui décidément aime particulièrement le 9. Les géniaux Bogdanoff, répliques kitch de Bouvard et Pécuchet, en plus mimétiques encore, n'accueillent pas par hasard Beigbeder. Les Bogdanoff, on le sent, sont des génies qui ne consentent à traîner qu'avec des génies. Ne sont-ils pas les amis de Luc Ferry? N'ont-ils pas commis Fluctuations quantiques de la signature de la métrique à l'échelle de Planck (Grichka Bogdanoff, 1999, thèse de mathématiques à l'Université de Bourgogne) et État topologique de l'espace-temps à l'échelle zéro (Igor Bogdanoff, 2002, thèse de physique théorique)? On le comprend, ce n'est pas par hasard que les frères Bogdanoff mettent en scène le jeune Frédéric Beigbeder. Tout comme lui, ils sont les rois de la mise en scène, don qui se finit soit dans les médias, soit dans la publicité. Tout comme lui, ce sont des prodiges, des virtuoses, des génies précoces. Tout comme lui, les Bogdanoff sont des produits marketing profilés dès leur plus jeune âge, dont on s'étonnera rétrospectivement, avec une mauvaise foi abyssale, de leur parcours sidérant. Bon sang, mais c'est bien sûr... Que l'on écoute la diction de Beigbeder et qu'on songe, en même temps, que cet écrivain vaniteux et vantard fut communiste. Résultat hilarant garanti.
http://www.dailymotion.com/video/xtrti_beigbeder-dans-temps-x_people

"BOGDANOFF : - Et je voudrais maintenant m'adresser à un jeune invité. Il a treize ans, il s'appelle Frédéric, il est, je crois, fanatique de science-fiction, il en lit depuis cinq ans. Pourquoi est-ce que tu lis de la SF, toi qui es jeune?
[On remarquera que la jeunesse est capitale en ce que la précocité annonce la génialité du sujet prodige.]
BEIGBEDER - Bien, je lis de la SF parce qu'à mon avis un auteur de SF euh a un champ, a un terrain d'expression beaucoup plus vaste qu'un autre, il peut euh créer des situations qu'on ne trouve pas dans d'autres romans et en plus euh la SF m'apporte aussi une évasion et une distraction euh très grandes...
[Le ton est en totale contradiction avec la diction habituelle d'un ado. Beigebeder évoque le puant improbable de la grande bourgeoisie, un condensé de VGE et de Sollers. Déjà?]
- Je voudrais que tu me dises ce qu'est ta définition de la SF, euh Frédéric?
- Ma définition de la SF, c'est une recherche prospective du possible...
[Ca y est, le génie est démasqué, en tant qu'énonciateur de mots complexes (et totalement grotesques) et annonciateur de QI surdimensionné!]
- Olala, ça, c'est formidable!"
[A cet instant précis, le jeune Frédéric sait que sa carrière de génie médiatique est lancée. Il a reçu l'adoubement d'un frère Bogdanoff.]
Le jeune Frédéric ne peut retenir un petit gloussement de plaisir repu, de contentement satisfait.

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