jeudi 6 septembre 2007
Contre-pensée
Enthoven est un cas d'école. Quand il pense, il déploie une telle perspicacité pour éviter les sens interdits et flairer les pièges que son principal souci consiste à ne pas se tromper. L'élégance revient-elle à tourner en rond, petit patapon, jusqu'à instituer le plus vicieux des cercles vertueux, celui qui consiste, pour ne pas se tromper, à ne pas penser? Bien joué, bluffeur! Quitte à se confondre en impair, mieux vaut passer que penser. Enthoven, conseiller de Philosophie magazine et producteur à France-Culture, nous explique comment garder la ligne quand on accorde sa préférence à la mode éditoriale sur la profondeur : parier par exemple sur un sacré tiercé, j'ai nommé les inénarrables Ruwen Ogien, Marcela Iacub et Ovidie (vous savez, le clone de KastuNi, le double de Katsumi) pour nous entretenir de pornographie (notamment). Il est paradoxal que la réussite contemporaine évolue de plus en plus depuis une certaine pesanteur, la figure géniale et grotesque du savant type Tournesol, vers la légèreté frivole, cette façon de décliner les savoirs avec la désinvolture du cynisme accompli (et dépitant). De la génération Sartre et Aron, les intellectuels-imposteurs envoutants, on passa aux postiches du postmoderne, les Deleuze, Foucault, Derrida, Bourdieu, en tant qu'évolution vers les figurines des impostueurs - ou l'agonie de la pensée incarnée en pensum. Loin de s'arrêter en si bon cheminement, les médias, qui ne croyaient pas si bien s'appeler, ont élu comme représentants de la porn'generation (également dénommée bite-génération par les anglicistes), ce magma vil et gélatineux composé de BHL, Glucksmann, Bruckner, que Dieu me pardonne... De plus en plus alarmant, de plus en plus catastrophique, l'impostueur se faisait im-poster, chair placardée sur un bout de fanzine pas cher (mon fils). Les esprits reconnus du temps sont ces minables composteurs mythomanes, ces histrions convulsifs, sans saveur ni valeur, qui accordent plus d'importance à leur chemise qu'à leurs pensées. Et demain? Demain n'est pas loin. Demain, c'est le matin. La petite aube. Enthoven n'est pas par hasard le fils apatride d'un Atride aride et avide, du meilleur ami d'affaires de BHL/Grasset, également éditeur de Michel Onfray, la plus belle imposture hédoniste que le sadisme ait trouvé pour contenter ses lecteurs masochistes. La semaine prochaine, Enthoven aborde le thème de la pornographie. Bien entendu, comme il est un triposteur (un imposteur force trois), Iacub, Ogien et toute la bande d'amis qui dépote seront ses invités. Bien entendu, Ovidie sera de la mêlée, toute retournée d'avoir été consultée sans la moindre pénétration (à l'intention des esprits mal tournés : intellectuellement j'entends, il va sans dire). Les nouveaux chemins de la connaissance se fixent comme programme de penser contre soi, ce qui est paraît-il, jeu de mots aussi habile que famélique, aussi brillant que soyeux, plus difficile que de penser par soi-même. Un des symptômes qui distingue à n'en pas douter le commentateur nihiliste de l'exégète valeureux, c'est le sens que le premier exhale de ses lèvres opales et exsangues. Exténué par la sangsue intellectualiste qui le presse de léguer son héritage de vieux Goriot, le pauvre sens ne veut plus rien dire. Penser contre soi-même. Voire ne rien voir. Plutôt : penser contre la pensée. Des preuves au jeu d'épreuves? Il suffit d'écouter.
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