vendredi 14 septembre 2007

Les chemins du plaisir 33

Ovidie : - Vu qu'il existe plusieurs types de pornographie et plusieurs types de spectateurs, on n'est pas obligé de se plier à (...) un certain code, en fait. On peut à partir du moment où on fait des images explicites en faire un petit peu ce qu'on veut. C'est vrai que le cinéma pornographique d'auteur (...) n'a plus énormément sa place. (...) C'est vrai que les gens sont beaucoup plus intéressés par des choses plus hard, mais il est encore possible de faire des choses intéressantes, oui..."

Faire des choses intéressantes, la conclusion ne l'est pas moins! Si je comprends bien Ovidie, on fait ce qu'on veut, mais en même temps, si on ne fait pas vraiment ce qu'on veut, c'est à cause de la demande, vous savez celle qui émane, ou n'émane pas, des spectateurs/consommateurs... Bref. J'aimerais revenir sur l'expression : images explicites. Pourquoi parler d'images explicites pour définir la représentation pornographique? Serait-ce que la représentation non pornographique soit implicite? Le gansta rap aussi (notamment) use de cette curieuse expression d'explicit lyrics. Curieusement, rendre explicite serait donc bel et bien représenter la vérité du réel. Par le culte de la violence (pornographique/sexuelle; comportementale dans le gansta rap), on atteint à la vérité du réel. La représentation implicite cache la vérité en cachant, par exemple, la représentation des scènes sexuelles. Arrêtons ici, par politesse. Enthoven, en copie conforme de l'époque, ne s'en rend pas compte, mais... Ovidie déraisonne! Elle déraisonne, comme tous les défenseurs d'une vision du réel incohérente et perverse, qui consiste à prétendre que le mensonge est la vérité et que la vérité couramment admise est une dépréciation de la vérité/mensonge. Sans doute la vérité majoritaire repose-t-elle sur quelques confusions, qui ressortent en ces temps troubles d'effondrement du monothéisme; néanmoins : de quel droit Ovidie, représentante de la représentation dévoyée, peut-elle énoncer des énormités qui l'amènent à considérer que la pornographie recèle la vérité cachée et minoritaire (minoritaire : quant à l'édification des codes)? De quel droit la vérité serait-elle, slogan bien connu, cachée? De quel droit Ovidie peut-elle prétendre que la vérité réside dans la destruction? De quel droit Ovidie peut-elle, implicitement, affirmer sa supériorité pornographique sur le pauvre art d'un Bunuel? Elémentaire, mon cher Watson!

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