Il n'est pas permis d'être interrompu dans l'écoute d'un morceau de Bob Marley. Ceux qui commettent ce sacrilège méritent sans délai d'être pardonnés. Ils sont ces ignorants qui se délectent de leur science délétère. La réincarnation métisse des Psaumes et du déracinement en terre de Babylone laisse entendre pourquoi la vie est plus forte que la mort. Quelques instants auparavant, Michela Marzano essayait de faire entendre à un diablotin de nihiliste (encore un Jr.) une variante de cette antienne fondamentale, à savoir que le corps n'est pas un objet. Egalement que le morcèlement n'est pas philosophie qui tient la route (du réel). Marzano aurait pu rappeler en passant qu'une des étymologies du diable est : celui qui divise (la représentation essentiellement). Moi, bon égoïste, vrai épicurien, je dégustais déjà Bad Card. Un an avant sa mort, le grand Marley prouve pourquoi il est si grand : non parce qu'il fume des joints ou qu'il mène la vie de rock star, mais parce qu'il est le plus grand chanteur du vingtième siècle, loin devant Brassens, ce qui n'est pas peu dire (puisque Brassens est le meilleur chanteur français). Avec dix kilos de moins et la conscience de sa disparition imminente, il hurle dans le micro sa force et sa foi dans la vie (quand un chanteur exprime sa force vitale, le résultat est aux antipodes des râles d'un hard rockeur). Nul n'est besoin d'une plus éloquente et insignifiante confidence pour saisir à quel point, décidément, le reggae ne s'entend pas - il se sent. La musique de Marley dépasse de très loin la silhouette fluette de cet artiste sorti d'un ghetto comme une mangue pousse sur un tas de fumier. La musque est impersonnelle et, dans son expression la plus haute, elle appartient à ceux qui révèrent la vie, son flux absolu, son fluide magnétique, la mort aux dents et le sourire aux lèvres.
http://www.dailymotion.com/video/x2l40t_bob-marley-bad-card-rehearsal
lundi 10 septembre 2007
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