R. Enthoven : "Kant est celui qui est incapable d'envisager le fait que deux êtres choisissent de devenir l'un pour l'autre des moyens réciproques de jouissance, toute sa théorie, son humanisme reposent là-dessus. Toni Bentley (...) montre comment la sodomie (...), la soumission qu'elle implique, lui rend sa dignité de femme, son humanité. Plus son amant la prend, plus il lui fait mal, plus elle devient elle-même, plus elle se soumet, plus elle se libère des carcans qui l'oppressent."
Je conçois fort bien qu'on ne se sente pas kantien et qu'on critique Kant, mais enfin, comment peut-on penser aussi mal à propos? Enthoven se rend-il compte que l'expression "moyens réciproques" ne veut rien dire et qu'en l'utilisant il montre à quel niveau de pensée il se situe? Je passerai sur l'emploi de choisir, surtout dans la bouche d'un disciple revendiqué de Spinoza. Baruch, par pitié si tu m'entends, bénis tes ouailles prodigues! Pour le coup, réussir à se transmuter en moyens réciproques tiendrait du prodige. Le seul moyen, c'est le cas de le dire, d'être traité comme moyens réciproques tient dans la violence comme puissance tutélaire et impersonnelle, qui dépersonnalise tant la victime que le bourreau (pour schématiser), en ce qu'elle les détruit tous les deux. L'identité de la réciprocité et de la réduction au moyen serait envisageable si la réciprocité poursuivait la même fin que l'implique la réduction au moyen. Or, la réduction au moyen renvoie à la violence. Ergo... Quant au raisonnement qui consiste à expliquer qu'on se libère par la violence, c'est encore un remarquable et redoutable oxymore, dont je préfère rire que pleurer. Enthoven confondrait-il oxymore et paradoxe?
mardi 11 septembre 2007
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