lundi 27 août 2007
Art naïf
Le jour approche où le formidable charivari ne sera plus qu'un misérable feu de paille, un chambardement pour grand enfants avides de soirs d'Histoire et d'histoires troubles. Les effets d'annonce s'écrouleront, et tous les esprits qui crurent au grand changement, à la révolution des esprits en seront quittes pour quelques railleries compatissantes. Bientôt, les modes rouleront sur d'autres effets tout aussi considérables, avant de refluer comme l'immuable rivage. Non, l'annonce de la disparition prochaine de la morale n'était jamais que la conséquence signalant l'effondrement du monothéisme; le symptôme du règne fugace du nihilisme sur les quelques esprits qui eurent la vanité d'appartenir à l'élite intellectuelle du monde le temps d'une existence. La disparition de la morale n'est pas proclamation sérieuse. Elle se rapproche dangereusement de la fin de l'homme, celle de l'histoire, j'en passe et des meilleures. Toute la critique de la morale est d'autant plus salutaire qu'elle émane dans sa forme la plus profonde de moralistes et qu'elle tient dans une formule fameuse : "La vraie éloquence se moque de l'éloquence, la vraie morale se moque de la morale..." (Pensées). A y bien regarder, les petits marquis du pédantisme nihiliste et postmoderne aiment à se réclamer des masques de la morale, qui cacheraient les vilains vices et défauts du genre humaine, les motivations inavouables, les intérêts licencieux. C'est ainsi que lors de conversations radiodiffusées sur France-Culture, le présentateur Enthoven cite La Rochefoucauld au secours du nihilisme tacite : "La vertu n'irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie." (Réflexions ou Sentences et Maximes morales ). Que le poulailler des commentateurs n'aie crainte, bon sang ne saurait mentir. J'en veux pour preuve cette autre citation de La Rochefoucauld, fort impressionnante celle-là : "Aimez le chocolat à fond, sans complexe ni fausse honte, car rappelez-vous : «Sans un grain de folie, il n'est point d'homme raisonnable»." En attendant que les moralisateurs s'inspirent des meilleures recettes pâtissières, je rappellerai que la vanité au service de la vertu n'est jamais qu'une cause efficiente du bien (ou du Bien) et qu'il est doux, plaisant de constater que la vertu ne procède pas seulement de résolutions marmoréennes, mais de complexes décisions, où les sentiments ont toute leur place. D'ailleurs, quel est le masque de - l'autre?
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