vendredi 17 août 2007

Represent

Le succès phénoménal de la télévision, auquel on pourrait adjoindre celui d'un certain cinéma, le majoritaire, n'est pas seulement une innovation de la technique au service de l'échange. Il n'est jamais facile de deviner, puis d'estimer la qualité d'une invention. On aurait vite tendance de penser que l'imprimerie fut une invention prodigieuse. Mais qui sait si elle ne précipita pas la fin prochaine de l'homme? Comme je ne suis pas un pessimiste, je ne penche pas pour une fin prochaine et trop prévisible. La télévision a rencontré ce succès phénoménal parce qu'elle était le héraut médiumnique de l'époque, le héraut de l'Hyperréel. L'ontologie de l'époque revient à un nietzschéisme simplifié, autant dire un sophisme du plus mauvais effet : elle consiste à définir le réel comme la réduction à l'apparence première, à la surface première et évidente, en réaction atrabilaire à l'ancien dualisme, qui dressait l'apologie de l'essence et la profondeur. Justement, sa principale qualité, du moins aux yeux du système dominant, est de renvoyer du réel cette fameuse surface première. Si bien que la télévision, comme le cinéma lorsqu'il est hâtif, déforme à proportion qu'elle prétend servir d'étalon au réalisme dont la modernité se veut de plus en plus l'estampe fidèle. Moyennant quoi les dérives de la télévision sont prévisibles, pour représenter l'impéritie de l'ontologie du moment, qui n'est rien d'autre que l'expression désarmante du nihilisme. Nihil : rien. Ce n'est pas le moindre des paradoxes pour la télévision que de prétendre au direct et à la vérité dans l'exacte mesure où elle n'exprime rien d'autre que de la fumée et du néant.

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