dimanche 19 août 2007

Telle mère, telle fille!

Episode 4.

Arrive ce qui doit arriver. Le confident, à force d'écouter le fils, est devenu son double mimétique. Le fils finit par s'identifier à un point tel à lui qu'il ne peut que l'éliminer - ou se suicider. Il opte pour la première solution. La fille et la mère, qui n'ont fait jusqu'à présent qu'encourager le confident dans son rôle de confident, se rendent compte qu'elles disposent d'une occasion unique de détourner le fils de la haine et de la hargne qu'il leur témoigne. Le fils ne rêve que de se venger de sa mère et du mauvais sort qu'elle lui a fait. Il l'insulte, il lui envoie des verres à la gueule, il la couvre d'imprécations et de noms d'oiseaux, dans des scènes sordides, qu'il est préférable de ne pas rapporter. Il faut comprendre. Le fils est un être humain, doté d'orgueil et d'amour-propre. Comment accepterait-il d'être le misérable et raté avorton, quand sa soeur, cette pimbêche comédienne, incarne le triomphe de la réussite intellectuelle à la sauce bourgeoise, l'arrivisme mimétique et moutonnier? Décidément, le confident occupe la position rare et bénie, presque élue des dieux du bouc émissaire idéal. Le fils n'a qu'à détourner sa rage contre lui, la famille retrouvera un brin de quiétude et d'harmonie. La mère et la fille encouragent de manière insidieuse le fils à s'en prendre au confident sous un prétexte aussi dérisoire que grotesque. Du coup, en pourchassant de sa vindicte accablée son double, le fils parvient à un résultat positif : au lieu de fuir sa condition de raté, il l'accepte et l'affronte. Désormais, au lieu de vivoter aux frais de la princesse, ou plutôt de sa mère excédée, il sera pompier. Au lieu d'être le pyromane masochiste de sa propre vie, il sera le pyromane de son coeur dévasté. Il ne pratiquera plus la politique de la terre brûlée. Le fils s'en sortira en passant de l'image fallacieuse de comédien bohème à celle de médiocre. Il se met à traîner avec des pauvres hères de sa nouvelle classe d'élection tardive, des commerciaux et des hâbleurs qui se targuent de destins de séducteurs glorieux et de fêtards bachiques. Le fils a compris qu'il n'obtiendrait le premier rang qu'en rétrogradant vers les cieux de la petite-bourgeoisie anti-intellectuelle et sauvagement capitaliste. Pour parvenir à ses fins, pour acquérir enfin une identité, il ne lui reste plus qu'à perpétrer son meurtre symbolique, la destruction hystérique de ce double qu'il destine, non pas tant à la destruction qu'à la domination. Le fils accepte certes d'avoir un frère, surtout qu'il est intelligent, mais à condition que ce soit lui le chef. Et tant pis si le chef se révèle médiocre, inconséquent, pervers et déséquilibré.

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