vendredi 31 août 2007

Super physis

La formule célèbre de Nietzsche : "Les Grecs étaient superficiels [...] à force de profondeur !" ne trouve son comptant que si on sait l'entendre. Si vivre selon la première apparence revient à vivre en prêtant à l'ontologie les caractères de la première apparence étendus à l'ensemble du réel, cette démarche relèverait de la démesure (ubris), mais aussi de la - bêtise. Nietzsche le premier confie : "Oh, les Grecs ! Ils s’y entendaient à vivre ! Pour cela il est indispensable de s’en tenir courageusement à la surface [...], d’adorer l’apparence, de croire [...] à tout l’Olympe de l’apparence !" S'en tenir à la surface suppose du courage dans la mesure où la surface cache le mystère du réel. Les Grecs selon Nietzsche simplifiaient en conscience le réel pour s'en tenir à ses caractéristiques connues (et reconnues). L'approximation relevait du code d'entente ou de bonne conduite. Ce fameux code qui définit l'intelligence. Coluche est intelligent en ce qu'il mime l'adhésion à ses propos. De même prête-t-il nécessairement les mêmes facultés à ses spectateurs, sans quoi ceux-ci ne riraient guère ou sans comprendre - par pur mimétisme. Le Grec est intelligent dans la mesure où il sait que son pari ontologique ne correspond pas au réel, mais à une façon morale de voir le réel : comment y vivre du mieux possible, etc. Au pied de la lettre, le pari du Grec serait d'un stupidité sans nom. Malheureusement, j'ai bien peur que Nietzsche, le grand Nietzsche, ait mis son génie au service d'une ontologie inconséquente, où le renvoi du christianisme aux calendes grecques s'accompagne de propositions pires encore. Qu'il serait temps d'y revenir!

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