dimanche 19 août 2007

Palais Honmè

A Porto-Novo, le palais Honmé est le vestige des rois qui, depuis Abomé, conquirent le royaume de la future capitale des colons, la bien-nommée Porto-Novo. Le palais est en piteux état, mais sa visite est des plus instructives. L'extrême codification qui régente le moindre des faits et gestes du palais montre, s'il en était besoin, le soin fort poussé qu'accordent les monarques à la reconnaissance de leur pouvoir - condition sine qua non à sa pérennité. A un moment de l'instructive visite, dispensé par le directeur du musée en personne, nous tombons sur un canon, vestige de l'époque esclavagiste. Je demande au directeur de nous expliquer la présence de ce canon en ces lieux typiques de la puissance africaine. Sa réponse est parfaitement claire : les rois de Xogbonou étaient, à l'instar des autres dynasties royales de la région, notamment d'Abomey, des esclavagistes, qui usaient de ce moyen pour s'enrichir en revendant les captifs des autres royaumes et qui se félicitaient de ce moyen ingénieux d'affaiblir leurs rivaux de toujours. Comme l'enseigne Pétré-Grenouilleau, les traites négrières sont complexes et plurielles (elles ne sont pas l'apanage des méchants Blancs). Loin d'être des génocides, ce sont d'horribles et tragiques crimes contre l'humanité de facture mercantile (c'est le cas de le dire), qui associent, dans un lien complexe, pervers et indéfectible, l'Afrique, l'Orient et l'Occident. Cette visite aurait sans doute constitué un scandale insoutenable pour tous les nationalistes et frustrés africains qui rêvent, le plus souvent en Occident et en France, de préférence le plus loin possible de l'Afrique, de réécrire l'histoire à l'aune d'un manichéisme raciste, où les Noirs jouent le rôle de consternants gentils, quand les Blancs incarnent les diaboliques créatures imbues de leur puissance technologique.

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