lundi 20 août 2007

L'allié objectif du système

De la même manière que l'altermondialisme conforte l'ultralibéralisme, du fait que l'autre monde n'est précisément pas de ce monde-ci, les alternatives progressistes n'ont pas de pertinence si elles prétendent seulement incarner la version soft du libéralisme et tempérer les écarts extrémistes de l'ultralibéralisme. Dans un système rigide qui conduit vers un chemin unique, l'ultralibéralisme comme ligne de mire, les alternatives non viables ne sont jamais que des travestissements au profit de ce système. Si seules les alternatives aberrantes sont opposées au système opérant, celui-ci en sort paradoxalement, mais logiquement, conforté. Quant aux solutions douces, elles ne fonctionnent qu'aux marges de l'empire. Le reste du temps, elles servent surtout à faire passer en douce les aspects inacceptables du libéralisme en atténuant par certaines potions une cuisine jugée trop élitiste et amère par l'ensemble de la population, qui plus est dans les démocraties, où la voix du plus grand nombre mérite d'être entendue. Rien d'étonnant donc au désespoir qui envahit peu à peu les électeurs des démocraties, qui, loin d'être privilégiés, peuvent s'estimer trahis : ils se rendent compte que le programme des progressistes ne constitue pas une alternative plus juste et un rempart au programme conservateur - seulement l'adoucissement et l'inflexion d'une ligne directrice qui suppose ses alternances progressistes pour maintenir le cap libéral. A l'intérieur du libéralisme, les moments de progressisme libéral servent surtout à conforter l'évolution vers le libéralisme. Ils participent autant à ce cheminement que les moments conservateurs. Le vrai progressisme tient dans la quête d'alternatives viables au système, qui existent à n'en pas douter et qui ne se résument certainement pas aux potions néo-marxistes, comme si le marxisme inapplicable avait encore un avenir politique. La plus ingénieuse ruse du système consiste à prétendre que la fin de l'homme tient toute entière dans l'horizon du libéralisme et que l'homme n'a qu'à se résigner à l'évolution prévisible : au nom de la liberté et de la démocratie, les pérégrinations de la mondialisation néo-libérale mèneront l'humanité tout droit vers l'élitisme, l'inégalitarisme viscéral, le totalitarisme travesti et les promesses de lendemains qui chantent. Faux.

Aucun commentaire: