jeudi 30 août 2007

Lanterne

"Composer nos mœurs est notre office, non pas composer des livres, et gagner, non pas des batailles et provinces, mais l’ordre et tranquillité à notre conduite. Notre grand et glorieux chef-d’œuvre, c’est vivre à propos."
Montaigne, Essais III, XIII, De l’expérience.

Allez, une définition du paradoxe de la bêtise. Quand on dit que l'homme est bête, on ne dénonce nullement le comportement bête des bêtes. Que dirait-on d'un homme qui se conduirait comme un animal? Au pire, qu'il est fou. L'épisode de ces enfants abandonnés et qui se retrouvent élevés par une louve ne prête nullement à des accusations de bêtise. Tout au plus aboutit-elle à des fondations fameuses. De même, les mythes en quête de fondements finissent-ils toujours par fonder sur des figures animales. Au Bénin, la déesse de l'océan est Mami-wata, aussi célèbre que diabolique et sujet d'épouvante. La bêtise n'est jamais dénoncée que chez l'homme. Un animal n'est réputé bête que par anthropomorphisme, s'il singe le comportement humain. Etre bête, par conséquent, c'est se comporter comme une bête, alors qu'on est un homme. C'est prétendre faire la bête en tant qu'homme. Pourtant, Montaigne nous avait prévenus : "Il n’est rien si beau et légitime que de faire bien l’homme et dûment, ni science si ardue que de bien et naturellement savoir vivre cette vie ; et de nos maladies la plus sauvage, c’est mépriser notre être. " (Essais III, XIII, De l’expérience).

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