lundi 24 septembre 2007

Les chemins du plaisir 100

Ogien : - Je voudrais que ce débat autour de la sexualité, de savoir si dans certaines conditions elle nous apporte le bonheur ou pas, je l'ai mise de côté. Ce qui m'importe simplement, c'est ce que j'appelle la liberté négative, c'est-à-dire que des adultes consentants ont le droit de faire ce qu'ils veulent entre eux du moment qu'ils sont consentants et adultes. Que ça leur apporte le bonheur ou pas, c'est pas la question qui me préoccupe."

1) Ogien fait de la philosophie objective dans la mesure où il évacue (et pose mal) les vrais problèmes. Avant de revenir sur le problème de fond, il est intéressant de constater que la liberté négative ne signifie strictement rien. Quand on invoque le consentement comme notion de référence, encore faudrait-il être en mesure d'assurer que le consentement existe bien. C'est loin d'être le cas et notre philosophe de l'objectivité oublie de préciser que plus il y a de violence, moins il y a de consentement. Subitement, le consentement perd sa valeur de référence absolue et naïve, comme si chaque homme était doté d'une dose égale de consentement et avait la liberté de l'utiliser. Je mets au défi Ogien de le prouver, et, en attendant une quelconque réfutation, je constate une énième fois que c'est au nom du libre-arbitre que s'effectue la légitimation de la violence crapuleuse. La phrase : "Des adultes consentants ont le droit de faire ce qu'ils veulent entre eux du moment qu'ils sont consentants et adultes" est un très beau programme, d'autant plus mensonger que son invocation dans le domaine de la sexualité, si elle trouve des échos favorables, est radicalement contredite par le domaine de la vie publique. Il semblerait que la mentalité démocratique, bien en peine de statuer sur les rapports de la liberté et de la violence, se contente d'invoquer prudemment le consentement pour légiférer sur la sexualité, en escomptant que ce pis-aller fonctionne, alors qu'elle se garde bien d'un tel flou dans la vie publique. Que le consentement soit invoqué pour expliquer certaines dérives violentes politiques et la démocratie s'effondrerait. Que l'on reprenne la phrase d'Ogien, qui sonne comme un manifeste utopique idéal et irréfutable dans le formel, et qu'on l'applique au dopage (destruction de la santé) ou aux règlements de compte mafieux (destruction de la santé). Accepterait-on que des avocats de champions sportifs invoque le consentement poru justifier de pratiques de dopage délictueuses; que des avocats de caïds expliquent tranquillement que les prévenus s'adonnaient à un jeu consentant, où toutes les règles sont fournies à l'avance? Laissera-t-on en paix le cannibale qui tue, dépèce et déguste un soi-disant volontaire recruté par petites annonces et consentant au nom du consentement entre adultes? Pourquoi ce deux poids, deux mesures, qui évoque de façon pénible et lancinante la mauvaise foi travestie en belle intention? Pourquoi Ogien participe-t-il de cette impulsion totalitaire qui consiste sans cesse à harceler la limite pour mieux la repousser?
2) Quant à la question du bonheur et de la liberté : si Ogien faisait l'effort de penser, au lieu de collecter les impensés, il n'évacuerait pas la question du bonheur comme oiseuse et superflue. Je rappellerai aux oreilles de ce distrait singulier que ce n'est pas le bonheur qu'il évacue en prétendant affronter la question essentielle du consentement. C'est plutôt qu'il invoque un thème d'exploration inexistant (le consentement) pour ne pas évoquer un autre thème flou (le bonheur), afin d'échapper à la vraie question : la pérennité de la race humaine. Car si l'homme laissait la libération du totalitarisme se produire, l'intrusion de la pornographie dans les moeurs sexuelles comme prolongement conséquent de l'ultralibéralisme, c'est l'anéantissement qui guetterait l'homme. A l'intention des nihilistes : rassurons-nous, il se profile déjà. Toujours à l'intention des nihilistes : désolons-nous, il ne se produira pas.
Le Comte serait-il con?

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