dimanche 16 septembre 2007

Les chemins du plaisir 57

La pratique pornographique va tellement loin que quand Ovidie parle, on touche à l'expérience mystique, à l'incantation ontologique. Heidegger parlerait d'Etre, dans son sabir concentrique et impénétrable (pour mes lumières d'attardé s'entend). La pornographie est aujourd'hui l'une des expressions privilégiées du rapport au mystère du réel, en ce qu'elle est le héraut attitré du nihilisme en matière de sexualité. Destruction, représentation, désir : le triptyque magique est présent, virevoltant. Seulement, derrière le masque du Plaisir, le vrai visage de la pornographie est aussi celui du vrai rapport de la modernité au mystère du réel. De nos jours, l'époque ne comprend le mystère qu'en termes de violence et de destruction pures. Peut-être est-ce pourquoi Dieu se meurt et qu'Heidegger était nazi? Le rapport au réel est morcelé et la pornographie est un formidable indicateur de ce morcèlement. Que sa médiocrité tous azimuts ne trompe pas. L'homme, créature sublime, n'est certainement pas devenu médiocre. La médiocrité prospère parce qu'elle est l'expression sexuelle du morcèlement du désir, soit du morcèlement du rapport au mystère. Que l'homme recouvre le chemin de l'Etre, comme les grands buteurs finissent toujours par retrouver le chemin des filets en football, et la pornographie perdra son effet de mode et de séduction. Sans doute y aura-t-il toujours dans l'agencement culturel un résidu de violence pure, constitutif de cette imperfection que l'homme décèle dans le réel. C'est quand ce résidu gagne en importance au point de devenir une mode influente qu'il faut tirer la sonnette d'alarme. Non pour faire le censeur. C'est le pornographe qui est le censeur comme il est le moraliste, en ce qu'il prétend supprimer du réel les éléments qui le dérangent, la création, la différence aux premiers rangs. Quant aux principales critiques de la pornographie, elles ne ressortissent nullement de ligues de (petite) vertu, qui aimeraient dénier la violence. Les critiques sont positives en ce qu'elles signalent le danger d'anéantissement et réclament un nouvel agencement culturel, qui passe par l'agencement du désir et l'agencement de la violence pure (le fait de relier la violence pure à l'énergie fondamentale de l'homme).

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