dimanche 16 septembre 2007

Les chemins du plaisir 66

Sur Internet, le site de La Musardine présente les éditions éponymes comme une librairie érotique de Paris. Je tape Bentley et je tombe sur son ouvrage La Reddition. La présentation de l'éditeur indique :

"Dans ce récit autobiographique fort troublant, Toni Bentley, ancienne danseuse étoile, nous conte les joies du « holy fuck », la sodomie, qui enseigne l’absolu pardon. Au-delà de son aspect très érotique, cette longue offrande, cette confession d’une incroyable liberté épouse la forme d’une somptueuse lettre d’amour et de gratitude, adressée à A-Man, l’homme par excellence qui, 298 fois en deux ans, révéla l’extase mystique à l’auteur. En la pénétrant «religieusement», A-Man lui procure une jouissance qui la vide de son moi, expérience qui la mène, au cours de rituels soigneusement orchestrés, aux confins du plaisir absolu.
Toni Bentley a dansé pendant dix ans avec le New York City Ballet, la célèbre troupe néoclassique de George Balanchine. Elle est l’auteur de Saison d’hiver : journal d’une danseuse (École des loisirs, 1983), et de plusieurs essais tous publiés aux États-Unis."


1) Il est intéressant de préciser que l'ouvrage est paru dans la collection Lectures amoureuses. Si c'est ça, l'amour, bonne bourre...
2) Bentley est danseuse étoile. L'étoile située dans le ciel s'approche du paradis.
3) La sodomie est désignée sous son expression anglaise de "holy fuck". Holy renvoie à la sainteté. Bentley aurait ainsi connu "l'extase mystique"... Comme de juste, l'univers pornographique s'arroge les valeurs morales et même religieuses, en prenant soin d'effectuer un renversement pur et simple. Très simple. Au point qu'on puisse parler ici de simplisme pathologique. Je sais bien que Bentley prétend rencontrer Dieu au terme de son parcours du combattant, mais de là à prétendre aux joies de la canonisation et de la pénétration religieuse...
4) Décidément, c'est toute la thématique chrétienne qui imprègne la théologie pornographique! Ainsi donc la sodomie révèle "l’absolu pardon". Les pornographes seraient-ils tellement en manque de valeurs, de morale et d'imagination qu'ils se contentent de recopier purement et simplement en l'inversant la morale chrétienne (soit la religion de l'Occident)?
5) La liberté est invoquée pour expliquer la démarche existentielle et esthétique de Bentley...
6) Le genre littéraire est enfin énoncé. Il s'agit de la lettre d'amour. Toujours cette revendication de l'amour par la pornographie plus ou moins érotique; toujours cette ambiguïté foncière entre l'amour et la pornographie...
7) J'en arrêterais avec cette remarque, mais... l'amant est un sodomite compulsif : 298 fois en un an! Plus d'une fois tous les deux jours! On remarquera que l'homme l'est "par excellence" dans la mesure où il joue le rôle de l'étalon, soit du pur dominateur. Du pur objet sacré, aussi, puisque la réification de l'homme s'opère dans une atmosphère mystico-religieuse explicite. Précisément, comment est dénommé cet amant vanté comme l'homme parfait, à mi-chemin entre le hardeur et le curé (après les curés loubards, à quand les curés du X?)? "A-man"! Si je comprends bien, et je ne comprends que trop, l'homme par excellence est l'anonyme par excellence, sans identité précise, sauf cet indéfini, qui le ramène, inextinguible, à l'objet et au moyen. Faudra-t-il préciser que, dans la mythologie, c'est le diable qui réifie l'homme, qu'il le séduit par la promesse du plaisir fallacieux et qu'au final il lui prend son âme? L'âme : tous les éléments réels qui dans l'homme ne sont pas réductibles à l'objet.
Elémentaire, mon cher Watson!

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