lundi 17 septembre 2007

Les chemins du plaisir 70

L'argument, moral par excellence, de la pornographie comme libération du désir va de pair avec l'argument de la pornographie comme bastion de pointe de la sexologie. Qu'on se le tienne pour dit, la pornographie innove, la pornographie est à la pointe du progrès. Les actrices pornos ne sont-elles pas régulièrement consultées pour divulguer leurs petits secrets d'expertes et virtuoses toutes catégories? Un peu comme des cuisinières cachotières se prêtant de bonne grâce à l'exercice de la confidence, nos jeunes douairières fort proustiennes (tendance Odette de Crécy ou Mlle Vinteuil) s'en donnent à coeur joie pour expliquer comment jouir, le point G, les positions sexuelles, et ainsi de suite. Juste une question : quelle est la compétence de ces femmes en matière de sexologie? Si l'on se gratte le crâne, la réponse tombera aussi vite que le couperet sur la nuque d'un pou. Nos charmantes demoiselles de compagnie n'ont aucune compétence sexologique. Il se pourrait même que l'inverse soit vrai. Car c'est une chose que de copuler à double temps, c'en est une autre que de posséder les connaissances complexes qui permettent à des patients de guérir d'affections souvent fort pénibles. Disons-le tout de suite : il est d'autant plus choquant que des actrices pornographiques soient requises pour des questions épineuses de sexologie que ces questions supposent de véritables connaissances médicales et psychologiques et qu'elles se révèlent d'une importance capitale pour le patient. Le mensonge se double d'une duperie ignoble. Non seulement l'actrice pornographique ne dispose, en tant qu'actrice de X, d'aucune compétence, mais il est certain qu'elle ne peut que dispenser des conseils de charlatan. Quel est le raisonnement opéré par ces émissions de charme où une porn star intervient, suite à on ne sait quelle recommandation, souvent pour prodiguer des conseils d'une platitude affligeante? C'est que l'actrice porno exerce un métier où l'activité sexuelle est primordiale. Il s'agit donc de la preuve indubitable de sa légitimité et de sa compétence en matière de sexualité... Pour que ce raisonnement, qu'on aimerait voir admis dans de nombreux milieux où le mercantilisme prime, révèle quelque valeur, encore faudrait-il que l'activité sexuelle soit un métier... Non seulement ce n'est pas le cas, mais n'importe quelle théorie de sexualité sérieuse rappelle l'importance du qualitatif dans le rapport sexuel (rapport est un synonyme d'échange), soit de l'inquantifiable. Malheureusement, non seulement l'intervention de nos porn stars préférées relève de la supercherie grotesque, mais le danger du simplisme psychologique en matière de sexualité affleure. On distingue, à peine sournois, le sous-entendu imposteur, celui qui risque d'aggraver les pathologies du patient, ce même patient qu'une consultation sexologique aurait pu soigner : libérez votre désir à la mode porno, et tous vos problème disparaîtrons! Mais encore : le plus impuissant des hommes, l'éjaculateur précoce compulsif, la frigide hystérique et névrosée, toutes ces caricatures établies de la pathologie sexuelle se commueraient en virtuoses de la baise paradisiaque s'ils avaient l'insigne honneur de passer un moment privilégié en compagnie d'Ovidie, de Katsuni, d'Oksana, de Rocco, j'en passe et des meilleures... C'est bien connu : le vrai problème est que le sexuel-déficient est un pudibond en ce qu'il se fixe des limites. C'est l'inverse qu'il faut entreprendre pour parvenir aux cîmes du plaisir fatal : partousez, forniquez, brisez tous les interdits, et vos performances écraseront vos records personnels! N'est-ce d'ailleurs pas la rumeur que propage une certaine mode outre-atlantique, où certaines étudiantes de certains campus considèrent que le fin du fun en matière de cadeau, de sexe, de cul et de bonne bourre consiste à passer la nuit de son anniversaire avec un étalon du porno? J'ai été défoncée par Z., donc j'entre dans la caste transcendante du X... Charlotte Simmons, au secours!

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