mercredi 19 septembre 2007

Les chemins du plaisir 89

Ogien : - En tous les cas, l'argument si vous voulez, il vaut aussi bien pour les adultes que pour les enfants, et c'est un argument que j'endosse : c'est qu'il faut pas forcer les gens à voir des choses qu'ils n'ont pas envie de regarder."

1) Ogien nous a emberlificotés pendant des minutes pour finalement tomber d'accord avec le point de vue majoritaire : il ne faut pas passer de films X à 20 heures 30 sur des chaînes hertziennes. Pourquoi aborder aussi longtemps une question sensée démontrer la pudibonderie des moralistes face à la pornographie? Pour simplement se livrer à la critique à la mode du moralisme? A quoi sert de critiquer l'évidence si c'est pour la conforter in fine?
2) La liberté et le libre arbitre sont présents en toile de fond de l'argumentaire d'Ogien et démontrent son simplisme fort moraliste. Pour être libre, encore faut-il en avoir les moyens. On peut tout à fait considérer que l'individu victime d'une absence d'esprit critique préparée par les techniques bien connues de propagande n'est pas libre de suivre, ou pas, les modes. L'individu adepte de la servitude volontaire n'est pas libre. Il est asservi. Je le répète : plus on se trouve dans la violence, moins les termes inhérents à la liberté n'ont de pertinence; plus leur emploi dénote la mauvaise foi. A cette aune, quelle mauvaise foi chez Ogien!
3) J'ai déjà eu l'occasion de l'exprimer, la liberté est l'étendard derrière lequel s'abritent aussi les totalitaires. Avec à chaque fois un objectif conséquent : la libération permet l'abolition des limites et le retour avec usure du totalitarisme. C'est ainsi qu'agit Ogien. J'en veux pour preuve sa conclusion sur le choix et la contrainte. A l'écouter, ces deux concepts valent autant pour les adultes que pour les enfants. Montrons-nous attentifs. Nous voici en présence d'un argument totalitaire travesti en apologie de la libération. En réalité, c'est une nouvelle limite que le totalitaire fait voler, bien entendu au nom de la logique et de la raison (selon la lutte contre les préjugés). L'idéologie de la libération explique pompeusement que grâce à ses soins, une nouvelle barrière arbitraire vole en éclats. En fait, derrière cet empressement se tapit le cynisme : faire croire que, sous les préjugés, la liberté de l'enfant est égale à celle de l'adulte, c'est jouer sur la faiblesse de la liberté et, surtout, c'est légitimer le droit des enfants à la pornographie. Question : pourquoi nos sociétés interdisent-elles le libre accès de la pornographie à des enfants? Est-ce parce qu'elles sont moralistes ou les enfants sont-ils en mesure d'opérer ce choix si difficile? Il est évident que le sophisme d'Ogien est révoltant, qu'il débouche sur tous les dangers et qu'il ne fait que souligner le vrai problème : pour parler de liberté, il faut désigner des sujets dotés d'esprit critique. Dans ce cas utopique j'en conviens, Ogien serait interdit et de visionnage X et d'antenne philosophique!
Le Comte est bon.

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