lundi 24 septembre 2007

Les chemins du plaisir 103

Ogien : - Tout ça, c'est vraiment du paternalisme pour moi! Il faut accepter ce que les gens disent, il faut avoir des critères assez minimalistes du consentement, parce qu'autrement, même le vote dans les états démocratiques serait supposé être toujours, euh..., ne serait jamais supposé représenter le consentement du peuple donc."

Je passerai sur le crétinisme insultant pour la compréhension de la violence et de la souffrance qui consiste à expliquer par le paternalisme l'enfermement consenti dans la destruction. Je retiendrai qu'Ogien commence son apologie du minimalisme comme éloge du simplisme béat et repu. Qu'est-ce que le minimalisme à la sauce Ogien? Il s'agit de décréter, avec un aplomb qui confine au coup de force, que la vérité tient dans la première apparence, immédiateté qui tient ici à la première parole. On pourrait objecter que voilà plusieurs minutes qu'Ogien saborde tous les vrais problèmes poru en conserver que ceux qui lui permettent de sauver la face (objective). Le premier des détectives se trouverait perplexe et dans l'impossibilité d'effectuer son travail s'il était contraint de suivre la définition de la vérité selon Ogien. Dans ce cas en effet, n'importe quel accusé dit la vérité et les seuls coupables sont ceux qui avouent les fautes qu'on leur reproche. Problème : la plupart des accusés mentent et ne sont nullement innocents, contrairement à leurs prétentions. Problème connexe : certains accusés consentent à avouer des fautes qu'ils n'ont pas commis. Si l'on suit le raisonnement d'Ogien : les accusés d'Outreau sont-ils coupables ou innocents, sachant qu'ils ont clamé leur innocence, mais que de célèbres criminels pédophiles ont fait de même? Sachant aussi que leur parole immédiate se heurtent aux dénonciations consentantes de leurs accusateurs? Le critère que suit Ogien est tout simplement aberrant et démontre que l'objectivité selon Ogien consiste moins à chercher la vérité qu'à vouloir démontrer ce qu'on désire intimement. Je suis désolé de ma psychologie de comptoir. Faut-il interpréter plus subjectivement le rejet du psychologisme et de la complexité chez notre philosophe des trottoirs? Le complexe opposé au simplisme, constatation qui ne manque pas de piquant! Pourtant, Ogien, qui compile les perles pour un bêtisier, explique son argument faux par la défense de la démocratie. Définition de la mauvaise foi : invoquer son ennemi comme son ami. Que veut dire être sens dessus dessous? Bien, je récite : "Même le vote dans les états démocratiques serait supposé être toujours, euh..., ne serait jamais supposé représenter le consentement du peuple donc." Ogien fait bien de s'emberlificoter les pinceaux. Car si on le suit, le vote reposerait sur un principe de vérification et de consentement qui est également invoqué pour les élections truquées des pays totalitaires, magistralement remportées par les dictateurs démocrates! La validité démocratique ne dépend donc pas du minimalisme qu'invoque Ogien, mais de principes de vérification qui contredisent précisément l'immédiateté et l'adhésion naïve à l'apparence. Les controverses indéfinies entre experts dubitatifs et régimes totalitaires jurant leur bonne foi indiquent assez que la démocratie ne se vérifie jamais sur la première apparence. Idem pour le consentement : ce n'est pas la première parole qui témoigne de sa vérité. Sans quoi cette stupidité énoncée par Ogien supposerait que le citoyen jurant de son consentement après torture est bien consentant, au nom du critère de décidabilité du consentement (sous-entendu : la définition du consentement suppose la négation du réel, ce qui est absurde). Le moins qu'on puisse en conclure est que le raisonnement d'Ogien, s'il ne clarifie nullement la définition des représentations qu'il aborde, sans les toucher pour mieux y retoucher, valide à chaque fois la légitimation de la violence. Pas de n'importe quelle violence. Du monstrueux et de l'abject indéfendables. Ogien est l'avocat par la preuve objective de l'indéfendable. Ogien serait-il en fin de compte l'avocat du diable? En tout cas, notre Ogien à la réputation internationale de philosophe du délire, après les philosophes du soupçon, n'est pas pour rien édité en compagnie de la grande prêtresse Ovidie et de la mystique Bentley : il ne fait rien de moins que permettre le retour du totalitarisme en terre démocratique au nom de la démocratie. Si sa méthode n'était aussi affligeante, son désespoir méthodologique accroîtrait sa hardiesse quasi téméraire. Oser de pareilles divagations, faut le faire!
Le Comte est kamikaze!

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