mardi 25 septembre 2007

Les chemins du plaisir 107

Ogien : - Je ne crois pas qu'un film soft, vu de loin, éclairé à la David Hamilton, est plus moral qu'un film de John B. Root."

Ogien, par pitié, à défaut d'être éclairé par les néons de Hamilton, daigne illuminer ma lanterne blafarde! Qu'entends-du par - moral? Si c'est la caricature archétypale que tu charries depuis le début de l'émission, cette différence ne dispense aucun intérêt pour l'auditeur qui cherche à comprendre ton propos. Si tu cherches une limite, le moins qu'on puisse avancer, c'est que tu n'en proposes guère... Es-tu venu pour claironner ton combat contre la morale d'arrière-garde? Toi le preux penseur de l'avant-garde dûment répertorié par toutes les éditions érotiques, adoubé de la pointe de son stylo par Ovidie en personne, descendue des marches briquées de son temple solaire? A quand l'éloge vibrant de Bentley, la poétesse que le monde entier attend désespérément depuis Sapho? La consécration pornographique? Ogien, pourquoi ne tournes-tu pas de porno si le style te convient si bien? Bon, un peu de sérieux. Pourquoi toujours feindre (le terme est sans doute malheureux au pays de la pornographie, soit de l'orgasme fantasmé) d'entonner le refrain-repoussoir de la morale, l'antienne trop connue et désormais usée jusqu'à la ligne? Serait-ce qu'il faille éloigner le vrai problème, celui de la limite? Cherches-tu, à l'instar de tant d'autres, à ne pas proposer de limites pour suggérer que la libération unanime et absolue s'impose? Pourquoi énonces-tu qu'il n'y a pas de différence entre un film érotique et un porno de ce bon vieux John B. Racine de X² (au cul)? Le caractère explicite des scènes suffirait amplement à établir une distinction technique et esthétique. Ce ne serait pas la seule. J'insiste bien sur un point : l'art consiste à approfondir la vision du réel, soit à partir du sexe pour édifier le sens; quand la pornographie va à l'encontre de l'art en opérant une réduction du sens vers le sexe/objet, au nom, bien entendu, de l'art et du sens. Se peut-il que tu ignores ces vérités pourtant capitales pour qui escompte percer un tant soit peu le brouillard du mystère? Que tu estimes vraiment que la pornographie constitue une révolution esthétique? Si c'est le cas, pauvre de toi! Oui, pauvre de toi, d'autant que tu reprends le jeu bien connu et bien pervers des réglementaristes, qui revient à jouer sur la limite pour démontrer que ladite limite mérite au moins d'être repoussée, voire n'existe pas, sauf à l'état d'illusion morale et de tabou inutile. Prends garde, Ogien, et veille à te demander qui représentera la vieille breloque décatie : l'antique morale ou ta minable - impensée?
Le Comte dépense.

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