samedi 29 septembre 2007

Les chemins du plaisir 126

La pornographie suscite l'intérêt dans la mesure où elle témoigne d'une part essentielle du réel. Les réglementaristes ont beau jeu d'expliquer pompeusement que l'interdire reviendrait à nier une part du réel. Comme si le donné était intangible! Ce qu'exprime la pornographie n'est jamais que le symptôme de l'agencement contemporain de la modernité. La pornographie pose le problème des rapports entre violence, agencement de la violence, énergie et position face au Même. Si la violence est donnée ontologique et intangible, tout dépend de ce que l'homme fait de la violence. Agencer la violence est la mission par essence de la culture. La pornographie exprime l'agencement nihiliste dans la sexualité. La sexualité est le domaine de prédilection de l'agencement de la violence. Ce qui est dangereux pour l'homme, c'est de séparer la violence au nom de l'agencement même, comme si la mission de l'agencement tenait à la séparation de la violence, et non à son aménagement. La distinction de la violence comme séparation est bien une délimitation, mais une délimitation au sens où la limite signifie a séparation radicale et irrévocable. La violence est élue comme destruction pure dans la mesure où son agencement est réputé fatum irréfragable et indépassable. La partie devient le tout en ce que la réduction ontologique réduit pour mieux universaliser, étendre de manière totale et totalitaire. La limite comme séparation révèle que l'arbitraire de la réduction est cohérent avec son extension abusive et que la limite est niée dans la mesure où elle est contradictoire avec l'homogénéisation induite par le Même. La séparation de la violence, son érection pornographique en destruction pure suppose la distinction paroxystique de la distinction présentée comme refus de la distinction, de la limitation poussée dans ses retranchements d'uniformisation totalitaire; Plus la violence morcèle, plus elle prétend à l'uniformité; plus la violence morcèle, plus elle réfute la différence au nom de la répétition; plus la violence morcèle et plus le morcèlement éructe pour exprimer l'absolutisme du Même. Au final, le statut de la violence passe d'un possible et nécessaire aménagement dans le donné à un morcèlement présenté comme constitutif et inévitable. L'adhésion de l'époque à la pornographie consiste à valider cet inévitable au nom du Même et du refus du morcèlement, dans le moment où cet acte revient à valider et aggraver le morcèlement

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