dimanche 16 septembre 2007

Les chemins du plaisir 67

Le consentement est la valeur étalon de l'époque contemporaine en ce qu'il permet de restaurer la liberté chrétienne, terreau de la démocratie, tout en ménageant la violence et le totalitarisme, dont on fait croire que les démons ont disparu pour mieux chanter le bonheur l'air de rien. Ce déni découle typiquement de l'antienne nihiliste, qui embrasse toutes les valeurs puisqu'il les répudie toutes aussi. La liberté démocratique ressortit de l'impératif kantien et présente comme conséquence de poser des limites. La liberté totalitaire fait mine de se réclamer de la démocratie, mais c'est sa spécificité que de se présenter comme démocratique et subversive, démocratique et dissidente, démocratique et transgressive. La liberté de la violence consiste elle dans le mouvement inverse : se libérer selon elle, c'est se libérer de toutes les limites présentées comme carcan. La supercherie est évidente et pourtant fonctionne à merveille dans la mesure où la démocratie refuse de s'occuper de la question de la violence et de la destruction. Le consentement est une notion bien pratique : elle satisfait la liberté des dominants et permet à ces mêmes dominants et à la foule d'expliquer à peu de frais l'acceptation évidente de la violence par les victimes. Si elle se laisse battre depuis trente ans, c'est qu'elle aime ça; si elle fait le tapin depuis cinq ans, c'est qu'elle prend son pied, si elle tourne des films de cul, c'est qu'elle est vicieuse; s'il se dope, c'est qu'il aime le fric et les honneurs... La litanie est loin d'être exhaustive! Je le répète, plus il y a de violence, moins il y a de consentement. Autrement dit : plus il y a de violence, plus les totalitaires brandissent le consentement pour expliquer leur violence démocratique.

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