jeudi 20 septembre 2007

Les chemins du plaisir 93

Enthoven : - En nietzschéen, on peut considérer que le mérite de la pornographie, c'est finalement de soustraire les phénomènes à toute forme de morale...

Quelle naïveté extravagante! Ou plutôt : je pencherais pour la naïveté si elle ne camouflait pas la plus odieuse récupération. Nieztsche invoqué par les pornographes, après avoir été honteusement calomnié par les nazis... Soit deux partis totalitaires agissant pour le bien du peuple. La pornographie se trouve présentée comme la représentation du réel le plus pur, c'est-à-dire du réel explicite, où rien ne serait caché. Malheureusement, cette conception, qui prétend réhabiliter la pornographie du fait de sa médiocrité interprétative, est un leurre grossier : l'absence d'interprétation est une interprétation, au même titre que toute autre interprétation. Pis, l'absence d'interprétation, démarche esthétique contraire à l'art s'il en est, rejoint l'interdiction de l'art authentique par tous les régimes totalitaires, ou sa confiscation aux besoins idéologiques du régime totalitaire. Aveu accablant... Ce n'est pas tout. De pire en pire, l'idée que le réel véritable passe par sa représentation la plus directe, la plus sensible, la plus explicite, n'est pas seulement un démenti cuisant aux démarches picturales comme celles de l'hyperréel (qui ne copient au plus près le réel qu'en procédant à des exagérations ou des distorsions). Elle est surtout le formidable révélateur d'une idéologie, celle de l'Hyperréel, selon laquelle le vrai réel est celui qui est représenté au nom du réalisme forcené. Quelle violence sous ce mensonge effarant et simpliste! Enthoven, propagandiste du système ultralibéral et nihiliste, la philosophie suppose de l'énergie, pas du brillant!
Le Comte est trop bon!

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